Le 2 aout 2022, lors de la déclaration du Gouvernement relative au projet de programme de stabilité pour la période 2022-20270, je suis intervenu en séance publique, l’occasion pour moi de rappeler qu‘aller vers la société du plein emploi, ce n’est pas seulement le moyen de faire rentrer le pied dans la chaussure d’une trajectoire budgétaire. C’est une promesse d’émancipation, de bien-être pour les salariés et d’amélioration de leur pouvoir d’achat. C’est ce que nous devons au peuple français.

« Le programme de stabilité présenté par le Gouvernement se donne pour objectif de ramener le déficit public à 3 % du PIB en 2027 sans augmenter les impôts. Cette ambition repose de manière cruciale sur le fait d’atteindre le plein emploi, soit une situation où le taux de chômage serait de l’ordre de 5 % et le taux d’emploi supérieur à 75 %, contre 68 % actuellement. Aller vers la société du plein emploi, c’est se donner les moyens de financer notre modèle social, mais aussi les investissements dans l’école, dans la santé, dans la justice ; plus largement, c’est se donner les moyens de résorber les fractures qui continuent de traverser notre pays.


Les résultats obtenus durant le quinquennat écoulé rendent crédible cette ambition du plein emploi. Il ne faut cependant pas s’y tromper, atteindre l’objectif sera difficile – d’autant plus difficile qu’à mesure que le chômage baisse, les personnes qui restent privées d’emploi présentent des difficultés de plus en plus lourdes qui réclament des actions plus fortes pour leur permettre de trouver ou de retrouver un travail. Il faut donc continuer à agir et notamment continuer à transformer le marché du travail pour faire baisser le chômage et reculer la pauvreté, celle-ci étant avant tout la conséquence du sous-emploi.


Je voudrais insister sur plusieurs enjeux essentiels qui doivent structurer notre stratégie pour l’emploi.


Le premier enjeu, c’est d’améliorer le retour à l’emploi stable des personnes qui en sont privées ou qui subissent le temps partiel. Pour cela, il faut d’abord comprendre l’origine de ce paradoxe qui voit coexister dans notre pays un grand nombre de chômeurs avec un grand nombre d’emplois vacants. Un rapport du Conseil d’analyse économique publié en mars dernier montrait, un peu à rebours des idées reçues, que former les demandeurs d’emploi et soutenir leur mobilité était nécessaire mais ne suffirait pas pour faire baisser significativement le chômage : pour pourvoir les postes vacants, il faut aussi accroître les incitations au retour à l’emploi ; tel est le rôle de la réforme de l’assurance chômage, que nous examinerons à la rentrée. Parallèlement, il est également nécessaire de mieux aider les entreprises dans leur recrutement, en particulier les plus petites d’entre elles qui abandonnent souvent les embauches faute de moyens à consacrer à la recherche de candidats. Cela n’est pas acceptable dans le contexte actuel, et ce sera l’un des sujets importants de la réforme de France travail.


Le deuxième enjeu, c’est de réussir la réforme du lycée professionnel. Les taux d’insertion des quelque 650 000 lycéens professionnels sont insuffisants ; il faut les porter au niveau de ceux de l’apprentissage, au terme duquel plus de 70 % des apprentis sont employés dans les douze mois qui suivent la fin de leur contrat. Revaloriser le statut d’élève et d’enseignant en lycée professionnel et, surtout, mieux connecter ces lycées au marché du travail sont une ardente nécessité. Pour ce faire, il faut être innovant, mais aussi s’inspirer de ce qui marche ailleurs : une expérimentation est par exemple en cours dans le rectorat de Versailles, laquelle consiste à accompagner des lycéens professionnels de terminale dans la recherche de leur premier emploi ou d’un contrat d’apprentissage menant au brevet de technicien supérieur (BTS) ou à la licence. Cela requiert une connexion très forte avec le tissu économique local ainsi qu’une aide aux équipes éducatives pour y parvenir, mais ce type de démarche gagnera à être étendu.


Le troisième enjeu, c’est de mener une réforme des retraites ambitieuse. Nous le savons, notre taux d’emploi des jeunes et des seniors est plus faible que celui de nos voisins. Pour les seniors, il convient de remonter la durée d’activité professionnelle tout en traitant différemment celles et ceux qui ont eu des carrières longues ou des emplois pénibles. Ici, le compte épargne temps universel, qui figure dans le programme du Président de la République, sera un outil essentiel, aussi bien pour favoriser les reconversions au milieu de la carrière que pour permettre des départs anticipés à ceux qui le souhaiteraient.


Le quatrième enjeu, c’est de protéger les entreprises dans leurs premières années d’activité. Contrairement à une idée couramment admise, ce sont les entreprises jeunes, et non les TPE et les PME, qui présentent le taux de création d’emploi le plus élevé. Pour renforcer la dynamique positive du marché du travail, il est donc nécessaire de les accompagner et de favoriser leur survie à cinq ans en limitant au maximum les contraintes fiscales, réglementaires et conventionnelles auxquelles elles font face.


Un dernier enjeu, qui englobe tous les autres, est celui de la qualité de l’emploi. J’en suis convaincu, il est possible d’aller vers le plein emploi sans sacrifier la qualité de l’emploi, bien au contraire. Le quinquennat écoulé en témoigne d’ailleurs, puisque la part des embauches en CDI a atteint en juillet 52 %, un sommet historique. Au-delà de la stabilité de l’emploi, il faut améliorer la qualité de vie au travail, mais cela ne se décrète pas. De meilleurs salaires et conditions de travail sont d’abord le fruit du dialogue social, des gains de productivité et d’un pouvoir de négociation accru pour les salariés et leurs représentants. L’État ne changera pas cette donne en augmentant de manière indifférenciée le SMIC. Il peut en revanche, par une politique résolue de lutte contre le chômage, donner aux salariés un pouvoir de négociation plus fort. C’est le sens de la stratégie de la majorité présidentielle.


Aller vers la société du plein emploi, ce n’est pas seulement le moyen de faire rentrer le pied dans la chaussure d’une trajectoire budgétaire ; c’est une promesse d’émancipation, de bien-être pour les salariés et d’amélioration de leur pouvoir d’achat. C’est ce que nous devons au peuple français.

🎥 Retrouvez l’intégralité de la séance ici 🎥


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