Je suis aujourd’hui dans le Grand Est aux côtés de Marilyne Poulain, Préfète déléguée à l’égalité des chances, pour une journée consacrée à l’inclusion professionnelle et à la lutte contre les discriminations.

Ce matin, en présence de ma collègue députée de Strasbourg Sandra Regol, j’ai eu le plaisir de découvrir PAR ENchantement, une association implantée depuis 17 ans le quartier à Koenigshoffen.

Marion Gaeng, la directrice de l’association, nous a confirmé que le premier facteur de discrimination professionnelle est celui du lieu d’habitation. Garde d’enfant, transport, accès aux services publics, démarches administratives….: des freins périphériques multiples existent quand on habite un QPV, nourrissant l’autocensure de publics qui se sentent assignés à résidence.

Le projet de PAR ENchantement est de faire grandir le « pouvoir d’agir » des habitants -pour la majorité des femmes, grâce à l’engagement de nombreux bénévoles.

Les membres de l’association proposent des projets qui sont ensuite sélectionnés par les 22 personnes de l’équipe salariée, constituée notamment de médiateurs sociaux, d’éducateurs de jeunes enfants, d’une coordinatrice de projet, d’une référente égalité homme/femme mais aussi d’un maraîcher et d’une cuisinière. De la définition du projet, à sa mise en œuvre et a son évaluation, PAR Enchantement accompagne de manière personnalisée chaque porteur de projet. En échange, chacun contribue au fonctionnement de la structure en fonction de ses envies, de ses compétences mais aussi de ses disponibilités.

Sur le volet inclusion professionnelle, l’association permet aux plus jeunes d’accéder à un stage ou à un contrat d’alternance. Plus largement, elle se consacre à l’accompagnement dans des formations qualifiantes de toutes et tous. Plusieurs de leurs bénévoles sont par exemple initialement venus faire un stage découverte à la micro-crèche montée par l’association, avant d’être embauchés et accompagnés en vue de l’obtention d’un CAP Petite Enfance.

Car l’association a une singularité : elle a créé en son sein cette micro-crèche pouvant accueillir une dizaine d’enfants de 8 mois à 3 ans. C’est évidemment parti du constat que les parents – des familles monoparentales avec des mères solo majoritairement- éloignés de l’emploi ont besoin d’avoir une aide « sur-mesure » pour faire garder leurs enfants afin de faire aboutir leur projet de formation et/ou de recherche d’emploi. La crèche accueille même les enfants scolarisés pour « dépanner » en cas d’obligation professionnelle ou d’entretien de dernière minute.

Plusieurs personnes accompagnées étaient présentes et m’ont dit l’importance de ces dispositifs personnalisés dans leur parcours d’inclusion socio-professionnelle. J’ai notamment pu échanger avec une dame irakienne en France depuis 7 ans qui, grâce à sa détermination et son courage, a pu apprendre le français, se former au sein de la micro-crèche, être diplômée et obtenir un CDI dans le secteur de la petite enfance. Un des nombreux parcours réussis qui montre l’importance du travail de PAR Enchantement pour l’émancipation des femmes de ce QPV et, par conséquent, pour leur famille et tout un écosystème local.

Afin de faire aboutir ses ambitions en matière d’insertion professionnelle des publics éloignés de l’emploi, il faut saluer la créativité de l’équipe de PAR Enchantement qui fourmille d’idées. Elle a ainsi créé la grande fête de « La Saint Glin-Glin », pour faire notamment se rencontrer les habitants avec les acteurs institutionnels et économique locaux (commerçants, TPE/PME  et responsables des CFA). La prochaine sera au mois de juin.

Ont été relevés évidemment quelques « angles morts » qui obèrent l’efficacité de l’association. Ainsi, pour financer la micro-crèche et donc pérenniser ce modèle de « crèche à la demande », elle a par exemple des difficultés à identifier les bons interlocuteurs au sein du Ministère en charge de l’Emploi et de celui du Ministère en charge des Solidarités. Car son statut juridique original est à prendre en considération pour financer sur le long terme cette initiative, la protéger et lui permettre d’essaimer ailleurs.

Strasbourg est une ville très diverse en termes de niveau de revenu des personnes : elle compte deux fois plus de personnes vivant sous le seuil de pauvreté que le reste de la France. Certains quartiers sont marqués par une forte précarité, aussi il est compliqué de définir un tarif horaire municipal unique pour faire garder son enfant. Je vais travailler à identifier les éventuelles améliorations d’ordre législatif pour résoudre ce sujet majeur pour l’association qui est financée tant par la Ville que par l’Etat et la CAF.

De plus, sur les volets formation et insertion professionnelle, les équipes m’ont fait part de leur souhait de voir une meilleure coordination avec le service public de l’emploi local. L’instauration de France Travail va être un levier d’amélioration majeur pour permettre un dialogue optimal avec les différents acteurs de l’emploi strasbourgeois, publics et privés. Je ferai le suivi avec l’association pour savoir si le changement est perceptible.

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