Je me suis rendu au Kremlin Bicêtre pour rencontrer l’équipe de l’Accélérateur, dirigé par Norma Valteau, et plusieurs de leurs bénéficiaires.

En avril 2021, le groupe StaffMe a lancé la première EITI du Val-de-Marne, une entreprise d’insertion par le travail indépendant. Depuis la loi « Liberté de choisir son avenir professionnel », cet dispositif permet l’accompagnement de publics -jeunes et moins jeunes, seniors pour certains- dont la situation sociale et professionnelle ne permet pas une insertion professionnelle par le salariat et pour lesquels le travail indépendant constitue un véritable tremplin vers l’emploi.

Ce dernier a plusieurs atouts :

✅ La souplesse : avec la capacité d’organiser son temps de travail en fonction de ses contraintes personnelles (familles monoparentales, personnes en parcours de soins…) et de diversifier le champ de ses missions.

✅ Une reprise progressive de l’activité. En écoutant les témoignages, on comprend en effet que, quand on a de lourdes difficultés socio-économiques ou que l’on est resté trop longtemps sans activité, il est parfois difficile de se réapproprier les codes du monde du travail. Petit à petit, ils ont repris confiance.

✅ Un environnement de travail favorable et une posture professionnelle adaptée pour les jeunes qui souhaitent s’affranchir des relations de subordination.

✅ Une source de revenus immédiate, motivante pour entrer dans une dynamique d’accompagnement.

✅ Un tremplin avec l’opportunité d’accéder à des prestations ponctuelles à ses compétences et ses envies.

Grâce au dynamisme de son équipe, l’Accélérateur s’est rapidement fait une place auprès des acteurs de l’emploi et de l’insertion locaux. Il reçoit désormais plus de 200 candidatures par an, en majorité via l’écosystème local de l’emploi mais également grâce au bouche-à-oreille entre jeunes.

Les jeunes majeurs présents avec lesquels j’ai discuté m’ont confirmé que l’atout majeur de l’Accélérateur est son accompagnement à 360°, construit sur-mesure pour une durée de 24 mois. Ils ne sont jamais laissés seuls par les chargés d’accompagnement et d’activité : gestion de leur clientèle, coaching marketing, acquisition de nouvelles compétences au sein d’ateliers ponctuels et lors de formations plus longues proposés au sein de la StaffMe Académie. 

Comme dans nombre -voire 100 %- de mes visites de terrain sur les sujets d’inclusion professionnelle, la levée des freins périphériques (logement, mobilité, obligations familiales…) est récurrente dans les témoigagnes des uns et des autres. La difficulté à obtenir une date d’examen au permis de conduire –« le » sésame pour nombre de formation ou d’emploi, dans des délais raisonnables a été plusieurs fois mentionnée. C’est un point sur lequel je me penche depuis plusieurs mois dans le cadre de mes travaux sur une future loi « Macron 2 ». 

Grâce à ce processus global et à la fluidité des relations avec la mission locale et l’antenne de Pole Emploi/France Travail, 79 % des 159 bénéficiaires ont fini leur parcours d’insertion en 2023 en concrétisant un projet professionnel : CDI, CDD de plus de six mois, emploi en intérim, création d’entreprise ou via une formation qualifiante type alternance.

Par ailleurs, depuis janvier, l’Accélérateur travaille sur la mise en œuvre de contrats engagement jeune (CEJ) auprès de jeunes dits « en rupture ». Sa mission est de repérer, mobiliser et accompagner 170 « NEETs » dans le Val-de-Marne. L’idée est de proposer aux jeunes décrocheurs un accompagnement encore plus poussé, avec nombre d’ateliers individuels (bilan de compétences, CV, formation…), des solutions pour stabiliser leur situation sociale et des activités permettant de créer du lien social, de sortir d’un quotidien parfois lourd. Ce travail d’« accompagnement +++ » se fait en consortium avec deux missions locales, des clubs de prévention et plusieurs associations.

Les échanges de ce matin me confortent dans la nécessité de favoriser l’accès à certains métiers pour des publics éloignés de l’emploi, sans qu’ils aient à passer à nouveau sur des bancs d’école qui, disons-le nous, les ont pour certains traumatisés. L’idée d’une sorte de « VAE des décrocheurs » fait son chemin…

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