J’ai participé ce matin à Paris au colloque sur l’emploi des seniors organisé par la Confédération Française des Retraités (CFR), un organisme qui regroupe les six plus grandes fédérations d’associations de retraités rassemblant 1,5 millions d’adhérents. 

Cet évènement que j’ai par ailleurs le plaisir de parrainer à l’invitation de Pierre Erbs, Président de la CFR, est l’occasion de faire un état de lieux de l’emploi de plus de 50 ans en France et de soulever les enjeux que recouvre ce sujet.

Les partenaires sociaux se sont engagés depuis plusieurs semaines dans une négociation interprofessionnelle dite « Pacte de la vie au travail » que l’on espère tous fructueuse. Le Gouvernement et la majorité présidentielle visent un accroissement significatif du taux d’emploi des seniors qui est encore trop bas en France. Chacun doit donc prendre ses responsabilités. 

L’objectif est d’assurer un travail de qualité à tous les âges de la vie active et atteindre cette société du plein-emploi qui sera bénéfique aux salariés, aux entreprises et à notre modèle social. 

Aux côtés notamment de Paul Bazin, Directeur général adjoint de France Travail, d’élus -dont ma collègue députée Astrid Panosyan-Bouvet, d’économistes, d’universitaires et de chefs d’entreprises, nous avons partagé nos diagnostics et propositions. 

Les miennes sont connues. Je saisis l’occasion de ce colloque pour les exposer plus en détails.

Avant tout, il faut inciter les entreprises à recruter des seniors. Pour lutter contre les discriminations liées à l’âge, j’appelle à mener des opérations de « testing » des entreprises et à en tirer des leçons pour faire changer durablement les biais comportementaux. Ma proposition de loi votée en décembre dernier par l’Assemblée entend donner un nouvel élan à cet outil sur lequel on s’appuie encore trop peu.

Autre proposition : transposer le système de bonus-malus sur les contributions d’assurance chômage en vigueur pour les contrats courts, pour en faire un moyen d’inciter les entreprises à recruter des seniors. Il serait possible de le faire reposer sur ce que coûte l’entreprise à l’assurance chômage. Ce serait une bonne incitation à maintenir les seniors en emploi car en moyenne ils ont des niveaux d’indemnisation plus élevés et restent plus longtemps au chômage

De plus, la formation est un sujet essentiel à ne pas éluder. L’enjeu principal est : quelle est l’incitation à se former pour l’individu et l’entreprise quand on amortit le coût de la formation sur une période qui n’est pas très longue ? Il faudrait selon moi discuter du principe de l’entretien de carrière et du principe de se former assez tôt, car j’ai rappelé qu’il ne faut pas attendre 50-55 ans pour se former. Nous devons également renforcer le dialogue social sur le plan de développement des compétences (PDC). Pourquoi pas en faire un objet de négociation sociale obligatoire en entreprise ? Il pourrait permettre de discuter de « l’abondement » du CPF en lien avec l’emploi des seniors. 

Quand on parle de formation, se pose également la question des outils. Je souhaite donc qu’on développe le mécanisme du CETU (compte épargne temps universel) -qui est par ailleurs l’un des objets de la négociation en cours sur le « Pacte de la vie au travail ». Il faudrait permettre de l’utiliser en milieu de carrière pour se former, ou pour partir plus tôt à la retraite. Le CETU pourrait également être une solution pour financer la rémunération des salariés se formant avec leur CPF. A ce titre, je souhaite qu’à terme le CPF et le CETU fassent l’objet d’une fongibilité, partielle ou totale. 

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