Autour de Alain Villemeur, directeur scientifique de la Chaire universitaire « Transitions Démographiques, Transitions Economiques », de Florence Lustman, présidente de France Assureurs et de Marion Desreumaux, de l’APEC, j’ai eu le plaisir d’échanger cet après-midi sur le thème de la place des seniors dans l’entreprise.
Je suis notamment revenu sur la réforme des retraites, qui a occupé le Parlement de longs mois lors de la précédente session.
La meilleure mesure pour augmenter le taux d’emploi des seniors est le report de l’âge légal de départ à la retraite. Quand la France a décrété la retraite à 60 ans, on a observé une chute du taux d’emploi des seniors. A l’inverse, le report à 62 ans de l’âge légal en 2010 puis la réforme Touraine de 2013 ont mécaniquement fait augmenter le taux d’emploi des seniors.
Pourquoi ? Car le report de l’âge légal favorise le maintien des seniors en emploi: les employeurs tout comme les salariés ont une vision claire de l’avenir. C’est ce qu’on appelle « l’effet horizon ».
Des problèmes structurels empêchent les seniors de se maintenir en emploi ou de retrouver un emploi. Le législateur ne doit pas avoir la main qui tremble, tout en accompagnant intelligemment les entreprises et les travailleurs dans leurs évolutions.
C’est la raison pour laquelle je défends l’idée d’une « prime de reprise d’emploi senior » pour les aider à accepter une offre d’emploi qui serait moins payée que leur précédent poste. Ils pourraient ainsi conserver une partie de leur indemnité chômage afin de compenser le manque à gagner. Cela a l’avantage d’être suffisamment incitatif pour reprendre un emploi rapidement. Car on le sait, plus on passe de temps au chômage, moins on a de chance de retrouver un travail.
Je soutiens par ailleurs la création d’un index professionnel de l’emploi des seniors proposé par le Gouvernement car, en promouvant plus de transparence, on peut responsabiliser les entreprises et les pousser à garder des seniors dans leurs effectifs. L’autre avantage, c’est de faciliter la recherche d’emploi pour les seniors. Avec cet outil, ils pourront savoir où envoyer des CV. Et ne pas se démobiliser après avoir essuyé de multiples refus suite à l’envoi d’une candidature.
Enfin, un autre outil sera, je l’espère, au service de cette responsabilisation des entreprises : le développement des tests statistiques. La proposition de loi sur les testings anti-discriminations que j’ai déposée il y a quelques semaines entend en effet travailler avec les responsables des ressources humaines des entreprises pour tester leurs processes de recrutement et identifier les éventuels biais discriminatoires, en particulier ceux fondés sur l’âge. Le texte prévoit des sanctions en cas de non-mise en conformité des comportements de l’entreprise à la loi qui réprime d’ores-et-déjà ce type de discriminations.